Édition 2025

Les lauréats

Adultes

5 lauréats sur 57 candidats
Dictée : NEIRYNCK, Jacques, La Mort de Pierre Curie, Éditions 10-18, Collection « Grands détectives », n° 4045, 2007.

Nom et prénomCommuneProfession
ANDRÉ Béatrice 5580 Rochefort assistante administrative
DELVENNE Marie-Paule 4470 Saint-Georges secrétaire
EVRARD Nathalie 7800 Ath secrétaire de direction
PEETERS Luc 1030 Schaerbeek informaticien retraité
TONDEUR Éric 59252 Marcq-en-Ostrevent (France) concepteur-rédacteur

La dictée

Dictée des adultes

Une confession

L’abbé Mugnier acceptait de bonne grâce l’extravagance de son pénitent à vouloir se confesser dans un confessionnal monté sur roues. Il était convenu que Raoul se confesserait assis à son côté sur la banquette. La station à genoux eût été non seulement incommode, mais périlleuse à cause des cahots du fiacre.

Raoul commença, non pas tant à confesser ses fautes qu’à se plaindre de Florence et de sa mère. L’abbé écouta avec patience et démontra ensuite à son pénitent qu’il eût mieux valu choisir, comme future épouse, une personne sérieusement disposée à le devenir. Mme de Luces était franchement une mère abusive, possédant un empire inouï sur sa fille. À supposer même qu’elle se résignât au mariage de celle-ci, elle ne cesserait d’intervenir dans les affaires du jeune ménage. Florence démontrait un manque de maturité, une crainte de la vie, un attachement infantile à sa génitrice qui faisaient appréhender les pires désordres dans sa future vie d’épouse. Sous couvert de piété familiale et de dévouement héroïque se dissimulaient peut-être un orgueil exacerbé, un manque de discernement et un égoïsme retors. Raoul avait choisi un mauvais numéro. Il fallait qu’il en change. […]

À ce sermon coutumier de l’abbé, Raoul coupa court en rappelant que l’amour ne se commandait pas et que l’idée même de renoncer à Florence lui était insupportable. D’ailleurs, il ne trouvait aucun attrait à toutes les jeunes beautés que des mères attentionnées lui jetaient dans les bras. L’abbé objecta que ce prétendu dégoût [ou dégout] du beau sexe n’empêchait pas Raoul de commettre, de temps à autre, des actes que la morale réprouvait pour un célibataire. Raoul en convint volontiers et en dressa une brève liste pour le mois écoulé. L’abbé accorda l’absolution sans se faire d’illusions sur les bonnes résolutions de Raoul, tout aussi lucide sur ses faiblesses à venir.

En somme, celui-ci se confessait mensuellement, surtout par acquit de conscience. C’était le rôle ordinaire du chapelain de service d’absoudre la noblesse sans chipoter sur des errements tellement propres à la nature humaine qu’il eût paru malsain de s’en exempter et saugrenu de s’en offusquer.

Ce rituel accompli, Raoul confia à l’abbé Mugnier, toujours sous le sceau de la confession, les éléments qu’il avait recueillis au sujet de la mort de Pierre Curie, son embarras et son incertitude sur la suite à donner.

Jacques NEIRYNCK, La Mort de Pierre Curie, Éditions 10-18, Collection « Grands détectives », no 4045, 2007.