Édition 2015

Les lauréats

Cadets

7 lauréats sur 68 candidats
Dictée : DEVOLDER, Eddy, Anna Streuvels. Roman. Noville-sur-Mehaigne, Esperluète Éditions, 2000 (Livres), pp. 13-14.

Nom et prénomDate de naissanceÉtablissement
ALLOING Maxence 27.02.2002 Athénée royal Jean Absil, Bruxelles
CHBARAL Eya 29.09.2000 Athénée royal Jean Absil, Bruxelles
DEWART Alexis 19.01.2002 Athénée royal Jean Absil, Bruxelles
LORPHÈVRE Éloïse Valentine 14.04.2003 Athénée royal Jean Absil, Bruxelles
PADOAN Constance 12.02.2002 Athénée royal Jean Absil, Bruxelles
SALINI Mattéo 18.10.2003 Athénée royal Jean Absil, Bruxelles
SOUDAN Nina 26.01.2001 Athénée royal Jean Absil, Bruxelles

Juniors

1 lauréate sur 57 candidats
Dictée : HECQ Jean-Pol, Georges et les dragons. Éditions Luce Wilquin, 2015, pp. 22-23.

Nom et prénomDate de naissanceÉtablissement
VERELST Hélène 29.06.1998 Athénée Adolphe Max

Adultes

8 lauréats sur 79 candidats
Dictée : BERTIN Charles, La petite dame en son jardin de Bruges. Récit. Arles, Actes Sud, 1996, pp. 75-78.

Nom et prénomCommuneProfession
CHERUY Jean-Claude Braine-l’Alleud dentiste
DELBECQ Fabrice 7500 Tournai demandeur d’emploi
DELVENNE Marie-Paule 4470 Saint-Georges secrétaire
DENDAUW Yvette Ath assistante de direction retraitée
LAMS Christine 1461 Haut-Ittre juriste
LECOCQ Naomi 1040 Bruxelles enseignante de français langue étrangère
MÉLOTTE Josiane 1190 Bruxelles secrétaire retraitée
PEETERS Luc 1030 Bruxelles informaticien retraité

Les dictées

Dictées des cadets

Séparation

Lorsque la mère d’Hanna signifia à sa fille sa décision de l’envoyer quelque* temps en Belgique, celle-ci se raidit, troublée, affolée. Elle ne se rendait pas compte de ce qui se passait autour d’elle, du danger qu’elle courait. Sa mère essaya de le lui expliquer. Hanna était étrangère aux événements (ou évènements) du monde et ne comprenait pas pourquoi sa mère voulait se séparer d’elle, l’envoyer ailleurs, dans un pays où elle ne connaissait personne.

Sa mère essaya de la raisonner mais elle demeurait obstinément sourde. Elle ne voulait pas partir.

Toute son enfance s’était passée avec ses parents et soudain, il fallait qu’elle s’en aille précipitamment, qu’elle quitte le giron* familial. C’était un drame. Le monde immuable dans lequel elle avait grandi s’effondra en quelques jours.

Eddy DEVOLDER, Anna Streuvels, Noville-sur-Mehaigne, Esperluète Éditions, 2000 (Livres), pp. 13-14. Roman.

* Forme neutralisée.


Dictées des juniors

Mons, 1927

Pour me changer les idées, j'ai décidé d'aller jeter un coup d'œil à la collégiale Sainte-Waudru, une énorme église de style gothique qui flanque la colline autour de laquelle s'articule le centre-ville. Dès l'entrée, le contraste avec la chaleur extérieure m'a coupé le souffle. À part quelques bruits de pas furtifs et un murmure diffus qui venait de je ne sais où, le calme absolu régnait dans ce sévère vaisseau de pierre. J'ai admiré longuement une série de grandes statues d'albâtre qui flanquent le chœur. J'ai fini par remarquer sur les murs de nombreuses marques bizarres. Ce sont de petites formes géométriques gravées dans la pierre, simples et élégantes, avec beaucoup de triangles et de carrés. En les observant plus attentivement, on peut en dénombrer des centaines.

Au bout d'un moment, je me suis assis pour rêvasser un peu. C'est alors que j'ai aperçu deux silhouettes féminines qui se faufilaient vers la croisée du transept. L'une d'elles s'est retournée dans ma direction ; j'ai été instantanément frappé par la beauté de son visage et la clarté de son regard. J'ai ressenti une étrange émotion, mais, déjà, elles avaient disparu comme des spectres. Je me suis mis à leur recherche.

Elles ne pouvaient avoir quitté l'édifice, car le bruit de la porte les aurait trahies. De fait, je les ai retrouvées un peu plus loin au début de la nef. Elles s'étaient arrêtées devant une des nombreuses petites chapelles qui rayonnent le long de l'édifice et semblaient observer quelque chose.

Jean-Pol HECQ, Georges et les dragons. Éditions Luce Wilquin, 2015, pp 22-23.


Dictée des adultes

Coup de vent à Bruges

Je pense à la surprise que nous valut un jour une simple bourrasque d’été. C’était au fort du mois d’août, à la fin d’une après-midi de chaleur accablante. A l’instant où tout a commencé, nous étions fort occupés, ma grand-mère et moi, à longer la rue aux Laines au plus près des façades pour gagner notre pâtisserie habituelle de la Grand-Place. Nous n’étions plus qu’à quelques dizaines de mètres de la boisson fraîche dont nous rêvions, lorsque, sans qu’aucun signe l’eût annoncé, le jour s’obscurcit brusquement. Il y eut quelques secondes de suspens absolu. Puis, tout arriva à la fois : le coup de vent fut si brutal que le chat à la botte dorée qui figurait l’enseigne d’une bourrellerie toute proche fit, dans un horriblement (sic) grincement de ferraille, le tour complet de la potence à laquelle il était accroché ; plusieurs volets claquèrent ; une rafale de poussière nous gifla le visage et la toque de ma grand-mère s’envola sans esprit de retour vers le pont Saint-Jean-Népomucène.

Mais le véritable spectacle était au ciel : un extraordinaire printemps de couleurs était en train d’y fleurir dans l’épanouissement d’une exquise aurore. Le soleil et le vent taillaient dans de somptueux nuages de larges coupes de lumière diffuse qui retombaient en profusion de palmes sur les façades. Même les plus austères, celles qui affectent des allures de forteresses en se drapant dans leur raideur gothique, esquissaient une manière de sourire. Quant aux autres, les fines, les coquettes, les futées, avec leurs encorbellements dorés, leurs enjolivements de pierre autour des fenêtres et leur pignon de briques à redents qui m’avaient toujours inspiré des envies d’escalade, elles semblaient prêtes à entamer un pas de danse autour des halles et du beffroi.

Sous les ébouriffements de la risée qui continuait à embouquer les rues avec des grommellements de harde en furie, c’était le désastre aux étalages et aux terrasses : on n’y comptait plus les parasols arrachés, les chaises mises à mal. Mais tout le monde semblait prendre les choses avec bonne humeur. Même les passants qui avaient décidé de poursuivre leur chemin à tout prix en s’arc-boutant contre le vent, pliés en deux comme par une souffrance, une main au ventre, l’autre au chapeau, gardaient la force de plaisanter en s’interpellant d’un trottoir à l’autre.

Chacun paraissait admettre que les contrariétés engendrées par ces incidents étaient peu de chose en regard de la jubilation qui leur enchantait l’esprit. Je constatai qu’un certain nombre de promeneurs s’étaient immobilisés tête levée pour ne rien perdre du ballet des clartés voletantes, de la retombée en gerbe des ramures de lumière que le soleil peigné par le vent dispersait sur les toits. Ajoutons que la bourrasque avait eu raison en quelques instants de la stupeur d’étuve dans laquelle la ville baignait depuis près d’une semaine. En somme, tout le monde était très content.

Charles BERTIN, La petite dame en son jardin de Bruges. Récit. Arles, Actes Sud, 1996, pp. 75-78.