6 lauréats sur 96 candidats
Dictée : BAUCHAU Henry, Œdipe sur la route. Roman, Arles, Éditions Actes Sud, 1990, coll. « Babel », p. 125.
Nom et prénom | Date de naissance | Établissement |
---|---|---|
BRAU Marine | 21.03.1999 | Koninklijk Atheneum 2, Leuven |
DEFRAIGNE Laurence | 25.03.2002 | Institut Saint-Dominique, Bruxelles |
DEGHILAGE Clara | 04.04.2000 | Institut Saint-Dominique, Bruxelles |
GILLARD Théo | 25.03.2001 | Collège Saint-Michel, Bruxelles |
HAUMONT Lola | 09.08.1999 | Institut Saint-Dominique, Bruxelles |
SADOU Saber | 10.03.1999 | Athénée Adolphe Max, Bruxelles |
4 lauréats sur 101 candidats
Dictée : BALDACCHINO Isabelle, Le manège des amertumes. Nouvelles, Louvain-la-Neuve, Quadrature, 2013, p. 8.
Nom et prénom | Date de naissance | Établissement | Remarques |
---|---|---|---|
BEAURAIN Sophie | 01.10.1997 | Athénée royal de Waterloo | |
GAZIONI Fiona | 05.02.1997 | Institut des Dames de Marie (rue Vergote), Bruxelles | lauréate cadette en 2011 et lauréate junior en 2012 |
PESCHI Lorraine | 29.11.1996 | Collège Saint-Michel, Bruxelles | |
ROMANO Raffaella | 13.06.1995 | Institut libre Marie Haps - Haute École Léonard de Vinci, Bruxelles |
7 lauréats sur 93 candidats
Dictée : BERTRAND Alain, Le Lait de la terre. Roman, Neufchâteau, Éditions Weyrich, 2011, coll. « Plumes du Coq », pp. 49-50.
Nom et prénom | Commune | Profession |
---|---|---|
DE GROOTE Anne | Braine-le-Château | assistante administrative |
DELBECQ Fabrice | Tournai | correcteur dans une banque |
GROLEAU Jacques | Paris | ancien correcteur principal à l’Imprimerie nationale [de France] |
LESUISSE Jacques | Braine-le-Comte | retraité |
MERCIER Francine | Marcinelle | enseignante retraitée |
PÊTRE Marie-Agnès | Grandhan | secrétaire de direction retraitée |
SANSPOUX Philippe | Nivelles |
Une nuit, il éprouve en rêve un grand bonheur dont la mémoire se dissipe au réveil. A l'heure brûlante, il descend au bord de la mer, entre dans l'eau et, perdant à demi conscience, retrouve des traces de son rêve. Il y avait une porte à laquelle il n'osait pas frapper. La femme de l'âge antérieur l'ouvrait. Elle était belle avec ses cheveux blancs et le regardait avec admiration comme s'il était en train d'accomplir une action remarquable. Sur les murs du couloir, qui ressemblait à l'entrée d'une caverne, il découvrait des signes verts. Ceux qu'il pourrait déchiffrer s'il connaissait cette langue.
Henry BAUCHAU, Œdipe sur la route. Roman.
Arles, Éditions Actes Sud, 1990, coll. « Babel », p. 125.
Ma douce, ma mutine, mon accalmie, tu es proche, je sens tes mains sur moi. Tu es belle, je te vois. Je suis accroché à ton parfum. Je me promène dans ta détresse, rôdant autour de tes introspections. Parle-moi, mon château de pluie, ma lune hagarde. Parle-moi enfin. Te souviens-tu de toutes les poésies que je te chantais ? C’était moi le bavard, le loquace, la pie diserte. Me voilà laconique, échappé de mes cordes, en exil de mon corps. Je sais, mes babillages doivent te manquer, mon bagou, mes tonitruances. Je suis le fort, et toi la paillette. Je suis la vague, toi la brindille. Je suis l’épais brouillard des marais, toi la libellule indifférente. Nos contrastes ont assoiffé les plus sceptiques.
Te souviens-tu ma belle ? Te souviens-tu ?
Qui est cette fille à mes côtés, qui n’est ni toi, ni une femme que j’ai connue ? Elle suit mes pas comme une semelle de vent. Difficile de l’ignorer, elle plante son regard en moi, dague vengeresse dans une éponge.
Ma constance, mon obstination, caresse-moi encore. Je te raconterai nos amours, même si tu ne les entends pas. Je te raconterai tout depuis le début. La première fois que je t’ai vue, la première fois que je t’ai crue, la première fois que tu t’es tue. Tout, depuis toujours.
Isabelle Baldacchino, Le manège des amertumes. Nouvelles.
Louvain-la-Neuve, Quadrature, 2013, p. 8.
La Gaume est une fille de joie adossée à l’Ardenne boisée. Elle a de jolies feuilles de vigne et tend ses collines vers le sud, en agitant un drapeau bleu, blanc, rouge. Le genou troussé, un talon à plat contre l’écorce, la belle a la cuisse tiédie par un soleil qui cligne de l’œil tous les jours de l’année.
Juste à côté, en Ardenne, il pleut comme vache qui pisse en toute saison, et même la nuit, même l’hiver, même au cours des messes de mariage.
Affaire de microclimat, susurre l’office du tourisme de Virton.
Autant vérifier sur place s’il y a des mirabelles, des orchidées, et puis des cigales qui déroulent des chansons d’amour provençal…
Le prospectus touristique dévoile une jeune femme sans minceurs inutiles, les joues en forme de pommes, la gorge imitant une cuesta – front abrupt et versant en pente douce – la lèvre rincée au cidre.
Le verre prêt à être choqué, clin d’œil vers le spectateur, semble une incitation à la villégiature intime.
« Allons tendre le calice d’orval là où le ciel a des bleus de prune ; et accordons-nous, la belle Irène et moi, autour d’une tartiflette au fromage du cru et à la patate de Florenville.
Gageons que j’y serai moins triste qu’en Ardenne, puisqu’on dit que la Gaume a la cuisse affable et la langue pendue jusqu’au ventre. »
Charles se surprend à de mauvaises pensées et à des songes d’adolescent. C’est que la vie retirée, en Ardenne, sous le schiste et le gris des cherbins*, serre parfois des écharpes de brouillard autour de la gorge. Pour la première fois depuis son installation au village, et malgré le rêve d’Irène, Charles a des nostalgies de cinéma et d’amours malheureuses, des souvenirs de tramway naviguant sur une mer de pétales de cerisiers japonais.
Du coup, il a décidé de s’arracher aux « Nocturnes » de Chopin, aux élégies d’Apollinaire ; et en route !
Retrouver la ferme d’Irène dans le vent glacial du plateau ? Pour rester planté comme un rond-de-flanc* devant sa porte, sans même oser frapper ? Retourner à Bruxelles ? Pour se perdre dans la foule ou se promener parmi les rayonnages des librairies ?
La forêt d’Anlier étend le piège de ses carrefours angulaires. Ses dos d’âne rivalisent avec les bonds des chevreuils et les charges de sangliers.
À l’orée des secrets, le ciel s’ouvre comme les bras d’Irène.
Alain BERTRAND, Le Lait de la terre. Roman.
Neufchâteau, Éditions Weyrich, 2011, coll. « Plumes du Coq », pp. 49-50.
* Forme neutralisée.