Édition 2018

Les lauréats

Cadets

6 lauréats sur 16 candidats
Dictée : STERNBERG, Jacques, « L’œuvre », in Contes glacés. (Bruxelles, Éditions Luc Pire, Collection Espace Nord, 2009, p. 130.) [1re édition : Verviers, Marabout, 1974.]

Nom et prénomDate de naissanceÉtablissement
HUMPHREYS Alice 12.01.2004 Collège Saint-Pierre, 1180 Uccle
KARA MOSLI Selma 20.06.2004 Collège Saint-Pierre, 1180 Uccle
KLOS Dominik 29.01.2004 Collège Saint-Michel, 1040 Etterbeek
LE GRELLE Lara 24.09.2005 Collège Saint-Michel, 1040 Etterbeek
VAN WAES Léa 26.01.2005 Athénée royal d’Enghien, 7850 Enghien
WOLFF Esther 27.10.2004 École européenne de Bruxelles II

Juniors

6 lauréats sur 48 candidats
Dictée : PERSOONS, Monique, « Résurgence », in Et tous seront surpris. Nouvelles (Louvain-la-Neuve, Éditions Quadrature, 2016).

Nom et prénomDate de naissanceÉtablissement
BUFFET Jeanne 14.05.2001 ISM 5660 Pesche
DÔ Émilie 15.08.2001 Collège Saint-Michel, 1040 Etterbeek
HAMIDI Fatima-Ezzahrae 06.04.2003 Athénée Adolphe Max, 1000 Bruxelles
IMPENS Marion 12.07.2001 Collège Saint-Michel, 1040 Etterbeek
LAURENT Sophie 08.12.2002 Athénée Adolphe Max, 1000 Bruxelles
LORPHÈVRE Éloïse 14.04.2003 Athénée royal Jean Absil, 1040 Bruxelles

 

Adultes

10 lauréats sur 60 candidats
Dictée : ANDRIAT, Frank, Ta mort comme une aurore. (Waterloo, Renaissance du Livre, 2018, pp. 39-42.)

Nom et prénomCommuneProfession
DEGAND Philippe 1450 Chastre retraité
DESCANS Claudine 1440 Braine-le-Château enseignante retraitée
DISSAUX, née MILLOT, Martine 59270 Bailleul (France)
DUMONCEAU Dominique 4601 Argenteau enseignante
GOTHIER Étienne 1090 Bruxelles employé
MÉLOTTE Josiane 1190 Bruxelles retraitée
MERCIER Francine 6001 Marcinelle enseignante retraitée
MURZYNSKI Alex 1180 Uccle Traducteur-interprète-enseignant
TONDEUR Éric 59252 Marcq-en-Ostrevent (France) « copywriter »
VAN LIERDE Francine 1080 Bruxelles Fonctionnaire européenne retraitée

Les dictées

Dictées des cadets

Une verte prairie

Le peintre se leva pour prendre un peu de recul, juger ensuite son paysage, il n’en fut pas très satisfait. C’était d’un vert agréable, ce pré, mais un peu nu.

Alors il peignit un personnage au milieu du pré, un peintre justement qui peignait un paysage. Et comme il était très minutieux, dans la toile du peintre de sa toile, il peignit également un peintre qui peignait lui aussi une toile dans laquelle il ajouta un autre peintre.

Ce fut tout, car cela devenait vraiment trop petit.

Alors, soulagé de son œuvre d’art, le peintre plia son chevalet, sa boîte, sa chaise, il quitta le pré, sa toile sous le bras. Et tous les peintres de sa toile quittèrent également le pré, pliant bagage eux aussi, avec chacun une toile sous le bras.

STERNBERG, Jacques, « L’œuvre », in Contes glacés. (Bruxelles, Éditions Luc Pire, Collection Espace Nord, 2009, p. 130.) [1re édition : Verviers, Marabout, 1974.]



Dictée des juniors

Un mari irritant

Un rayon de soleil a réussi à trouver un chemin entre deux lattes de volet mal fermé et vient me chatouiller le nez, me tirant d’un sommeil un peu lourd, de ceux qui vous assomment sur le matin après une nuit d’insomnie. Évidemment, c’est encore une fois Michel qui a mal descendu les volets. Pourquoi faire l’effort d’aller jusqu’au bout ? De même, pourquoi fermer le tube de dentifrice, remettre ses chaussettes à l’endroit avant de les jeter dans le bac à linge, visser à fond les couvercles des pots de confiture pour les replacer dans l’armoire, vider ses poches avant la lessive ou poser ses chaussures sur le porte-chaussures plutôt que par terre juste devant ? Ce n’est pas faute de l’avoir demandé régulièrement mais mon mari souffre d’une pathologie bien masculine : la surdité sélective égoïste.

Dans un geste réflexe mille fois répété, résidu archaïque de la tendresse des débuts, je tends mon bras sur la droite pour sentir la présence du coupable. Rien. Le lit vide et les draps froids trahissent son péché de gourmandise. Depuis qu’une nouvelle boulangerie s’est installée deux rues plus loin, la fréquence des croissants pur beurre a augmenté, suivie de près par l’aiguille du pèse-personne. Je paresserais bien un peu, mais j’ai beau humer : aucune odeur de café n’arrive jusqu’à moi. Il va falloir me bouger si je veux que la cruche soit pleine à son retour.

Monique, « Résurgence », in Et tous seront surpris. Nouvelles (Louvain-la-Neuve, Éditions Quadrature, 2016).



Dictée des adultes

L’Oiseau Lire

Notre quotidien n’était pas rose. Nous survivions grâce aux petits boulots que tu dénichais de façon plus ou moins régulière. […] « La foi me donne des ailes, Brice, et m’offre toujours de retrouver mon chemin. » Je ne comprenais pas, mais j’acquiesçais. Qu’aurais-je pu faire d’autre ? […] Aujourd’hui, après ta mort, je me rends compte que si le cercle de nos relations n’avait pas été aussi réduit, je me serais épanoui davantage. Mais, sache-le, je ne te reproche rien. Tu as fait du mieux que tu as pu avec ce que tu as reçu.

Jusqu’à mes dix ans, chaque trimestre, nous allions rendre visite à tes parents qui vivaient près d’Évreux, en Normandie. Dans le train, tu me racontais en riant que, là-bas, les vaches fabriquent du camembert. […].

Tu aimais Évreux pour sa splendide cathédrale. Moi, elle me fichait la trouille. Trop imposante, trop fournie. Tu appréciais la quiétude qui régnait dans l’immense édifice et tu affirmais qu’entre ses pierres, ta prière se faisait plus fluide. Heureusement, tu pouvais comprendre que te voir la tête penchée sur la poitrine comme une sainte Vierge déliquescente au bord du coma avait de quoi ennuyer un enfant. […] Pour éviter que ton gentil Brice se laissât pousser une queue de démon, tu m’emmenais chez Annie, à L’Oiseau Lire, la merveilleuse grotte aux livres pour enfants du chef-lieu. L’adorable libraire m’accueillait comme si j’étais un petit prince. Je m’installais dans un coin et elle m’apportait un paquet de nouveautés qu’elle m’autorisait à découvrir à condition de prendre garde à ne pas croquer les pages. Son expression me donnait envie de mordre dans les livres, mais, bien entendu, je n’en faisais rien. […]

Ces instants passés à L’Oiseau Lire furent dans ma vie comme des perce-neige, des points d’azur dans l’obscurité et dans le froid. Malheureusement, ton père mourut quelques semaines après mon dixième anniversaire et ta mère se montra pressée de le rejoindre. En quatre mois, tout fut plié et leur petite maison vendue. Nous ne vînmes plus en Normandie. Je déposai Annie et ses livres magiques dans le coffre de mes souvenirs. […] Je m’éloignai des livres comme on quitte un amour perdu.

ANDRIAT, Frank, Ta mort comme une aurore. (Waterloo, Renaissance du Livre, 2018, pp. 39-42.)