Édition 2023

Les lauréats

Cadets

Pas de lauréat sur 8 candidats
Dictée : « Le Caducée » dans ODAERT, Olivier, Solitudes (Louvain-la-Neuve, Academia-L'Harmattan, 2018, p. 29).

Juniors

1 lauréat sur 13 candidats
Dictée : BERENBOOM, Alain, Périls en ce royaume (Bruxelles-Paris, Genèse Édition, 2018, pp. 161-162).

Nom et prénomÉtablissement
LABRUYÈRE Maxime Athénée Émile Bockstael

Adultes

2 lauréats sur 59 candidats
Dictée : GILLÈS, Daniel, Nés pour mourir (Paris, Albin Michel, 1976 ; Bruxelles, Labor, 1995, pp. 284-285).

Nom et prénomCommuneProfession
BROGNIET Fabienne 1082 Bruxelles retraitée
TONDEUR Éric 59252 Marcq-en-Ostrevent, France concepteur-rédacteur

Les dictées

Dictées des cadets

Dans la cave

La porte s’ouvre sur une nuit aux parfums de terre mouillée. Il pousse la porte et tout en bas un néon se met à vibrer. Après avoir descendu lentement les marches de brique, il se penche en avant pour entrer dans la cave où personne ne va jamais. Les choses vivent là d’une vie autonome, obscure et muette, oubliées dans ce coin sombre elles pourrissent sans regret sous le poids des voûtes (ou voutes) qui n’en finissent pas de pleuvoir sur elles de la poussière. Contre le mur du fond, parmi les meubles démodés et les cadeaux qu’on n’a pas osé jeter, quelques caisses de bois ont été négligemment posées, où dorment des bouteilles anciennes qui ont pour la plupart, sans doute, tourné au vinaigre.

« Le Caducée » dans ODAERT, Olivier, Solitudes (Louvain-la-Neuve, Academia-L'Harmattan, 2018, p. 29).



Dictée des juniors

Un pays complexe

Je le [Louis] remerciai et nous poursuivîmes la soirée avec sa femme à évoquer d’autres souvenirs de nos glorieux débuts comme ronds-de-cuir avant de nous promettre de nous revoir rapidement en compagnie d’Anne.

[…]

En rentrant chez moi, je songeai à la complexité de notre petit pays. Vu de loin, un paradis sur Terre, patrie du chocolat, du fromage et de la démocratie ; la Suisse, mais avec sept cents (ou sept-cents) bières différentes en prime. En réalité, un chaudron en ébullition où un apprenti sorcier tentait de mélanger des ingrédients qui n’étaient pas destinés à se mêler et réagissaient violemment pour éviter la fusion. Pourtant, dans le passé, les Belges avaient déjà réussi bien des miracles et associé d’autres éléments dont personne n’aurait pensé qu’ils puissent s’allier et bonifier ensemble. La gueuze et la grenadine, par exemple. N’était-ce pas un signe ?

BERENBOOM, Alain, Périls en ce royaume (Bruxelles-Paris, Genèse Édition, 2018, pp. 161-162).



Dictée des adultes

Un explorateur

Le marquis, lui aussi, était devenu explorateur par occasion. Il avait quitté en hâte la Belgique voilà trente ans, non pour fuir l’amour, mais la police. Une étourderie de jeunesse : à dix-huit ans, il avait lâché un coup de fusil en direction de petits maraudeurs qui saccageaient les châtaigniers du parc familial, et le malheur avait voulu qu’il en tuât un. Sa fuite avait aidé à étouffer cette déplaisante affaire. On n’avait plus entendu parler de lui jusqu’au jour où on avait appris qu’il était devenu un explorateur célèbre, dont les ouvrages et les films sur les Indiens d’Amérique du Sud avaient été remarqués par des sociétés savantes, tant américaines que françaises. À (ou A) son retour au pays, en 1932, il avait été l’homme à la mode pendant une saison, et son film qui montrait des Indiennes intégralement nues avait fait découvrir au Tout-Bruxelles les charmes de l’ethnographie.

Wavrin campait, rue de Dublin, au-dessus d’une épicerie, dans un petit appartement mal éclairé, encombré de vieux bahuts anguleux, de photos d’Indiens, de poteries, de vanneries et d’étranges poissons-lunes, laiteux et transparents, suspendus à des fils. Il ouvrit lui-même la porte à Donat, mais sembla ignorer sa main tendue. L’homme était grand, sec, légèrement voûté (ou vouté), le visage boucané sous des cheveux en brosse, les yeux clairs mais comme embués d’angoisse. Une femme basanée, en peignoir, circulait silencieusement d’une pièce à l’autre : elle apporta des verres.

Wavrin servit du rhum blanc. Il demeurait debout, sans inviter Donat à s’asseoir (ou s’assoir).

– Ton père, dit-il d’une voix enrouée, m’a demandé de te recevoir. Comme il m’aide à trouver des crédits, je ne pouvais pas lui refuser cela… Alors, comme ça, tu veux jouer à l’explorateur ? En Amazonie, ce n’est pas ce que tu imagines.

GILLÈS, Daniel, Nés pour mourir (Paris, Albin Michel, 1976 ; Bruxelles, Labor, 1995, pp. 284-285).