Édition 2016

Les lauréats

Cadets

5 lauréats sur 63 candidats
Dictée : MALINCONI, Nicole, À l’étranger. Bruxelles, Le Grand Miroir, 2003 (La littéraire), p. 49. Roman.

Nom et prénomDate de naissanceÉtablissement
ALLOING Maxence 27.02.2002 Athénée royal Jean Absil, Bruxelles
ARBIB Abdelwadoud 04.12.2004 Institut La Vertu, Bruxelles
LAURENT Sophie, Hanna 08.12.2002 Athénée Adolphe Max, Bruxelles
MOSTIN Maud 01.07.2004 Collège Saint-Pierre, Uccle
ROUSSEL BUXMANN Asta Federica Almut 15.10.2004 Athénée royal Jean Absil, Bruxelles

Juniors

1 lauréate sur 73 candidats
Dictée : DELOS Marie, L’immédiat. Paris, Seuil, 2009, p. 97. Roman.

Nom et prénomDate de naissanceÉtablissement
DI ALLO Nina 02.12.2000 Athénée Fernand Blum, Bruxelles

Adultes

11 lauréats sur 68 candidats
Dictée : TOUSSAINT Yvon, Le Manuscrit de la Giudecca. Paris, Fayard, 2001, pp. 68-69. Roman.

Nom et prénomCommuneProfession
ALU Cataldo 1083 Ganshoren fonctionnaire et étudiant à l’Université Saint-Louis
DE GROOTE Anne 1440 Braine-le-Château assistante administrative
DELVENNE Marie-Paule 4470 Saint-Georges secrétaire
DESCANS Claudine 1440 Braine-le-Château régente littéraire retraitée
DISSAUX (née MILLOT) Martine 59270 Bailleul (France)
DUBOIS Christian 4031 Angleur retraité
JACQUES Emmanuelle 5300 Seilles logopède
MURZYNSKI Alex 1180 Uccle traducteur-interprète
PEETERS Luc 1030 Bruxelles informaticien retraité
TONDEUR Éric 59252 Marcq-en-Ostrevent (France) « copywriter »
VERSTRAETE Marc 1140 Bruxelles enseignant à l’Athénée Adolphe Max

Les dictées

Dictées des cadets

Mon père

Mon père traversait la ville sur son vélo. L’hiver, il partait vêtu de son grand pardessus d’avant notre départ et de son chapeau feutre, qui avaient l’air de vieilles choses, tous les deux. Quand nous rentrions à la maison pour le repas de midi, lui, du bout de la ville, moi, de l’école, on se faisait face dans la rue. Même de loin, je devinais le pli qu’il avait au milieu du front et qui lui donnait l’air fâché. C’était un pli de souci. À voir mon père comme je le vois, je ne me figure pas qu’il est un patron ni même qu’il est un professionnel de son nouveau métier. Il a un travail qui lui donne des obligations, comme il dit, ça, oui. Parfois, je me demande à quoi il est obligé, au juste. Ce sont peut-être elles, les obligations, qui lui donnent son air de ne plus être professionnel de rien.

Nicole MALINCONI, À l’étranger, Bruxelles, Le grand miroir, 2003 (La littéraire), p. 49. Roman.



Dictée des juniors

Au fil des jours

Si chacune de mes journées dépendait, se nourrissait désespérément de l’éventualité de pouvoir accompagner Imma à l’un de ses rendez-vous festifs, il demeurait certains soirs, cruels, où elle ne venait pas me chercher. Ces soirs-là, je les marquais de rouge, comme ces jours fastes qu’il fallait, selon le calendrier romain, consacrer aux affaires et aux jugements, tandis que, les jours néfastes, le divertissement et l’oisiveté étaient de rigueur. Cette terminologie, que deux mille ans avaient rendue paradoxale, me laissait perplexe : devoir qualifier mes jours heureux de « néfastes » me préoccupait beaucoup ; cette épithète semblait venir injecter dans la fête salvatrice quelque chose de funeste, quelque chose qui, sous d’apparentes vertus de guérison, m’envoyait progressivement à une mort certaine. Malgré ce sombre pressentiment, je m’obstinais à désirer les soirs de fête et à appréhender les autres. C’est pourquoi je craignais le samedi, seul jour où Juan terminait son travail à une heure décente et pouvait consacrer la soirée à son épouse, blotti à ses côtés dans la fraîcheur du patio ou à l’abri de la moustiquaire en tulle qui encadrait le lit matrimonial.

Marie DELOS, L’immédiat, Paris, Seuil, 2009, p. 97. Roman.



Dictée des adultes

Les périls du voyage

Notre petite troupe, quatre jeunes gens et deux valets, six chevaux et quatre mules, était composée de personnes pour qui un long voyage était une expérience inédite. En prévision de la froidure qui devait nécessairement, dans les montagnes, congeler tout crus des Méridionaux comme nous, nous nous étions encombrés de pèlerines et de cabans, de fourrures doublées de futaine, de manteaux de cuir, sans compter les capuchons qui s'attachaient aux chapeaux et se liaient sous la gorge, les bottes, galoches, guêtres, jambières et autres ceintures de tissu larges de six doigts, destinées à être enroulées autour du corps non seulement pour nous réchauffer, mais aussi pour nous soutenir la poitrine et le ventre.

(…)

Les routes étaient fort fréquentées. Il était aisé d'identifier les marchands et leurs charrois, les courriers qui piquaient des deux pour nous dépasser, les pèlerins en troupe ou isolés, avec leurs crosses en forme de croix et pour tout bagage un havresac, les colporteurs et leurs fragiles éventaires, les mendiants plus ou moins ragoûtants. Parfois, nous croisions des escouades comme la nôtre, dont l’apparence était plus ou moins belle selon qu'il s'agissait d'une famille qui s'en allait en villégiature, d'un groupuscule d'artistes curieux de leurs confrères d'au-delà des monts, ou d'ambassadeurs en mission. Tout ce petit monde se scrutait avant de se croiser. La méfiance était de rigueur, car les routes étaient également parcourues par des hordes patibulaires, populations migrantes en raison d'une guerre entre deux princes ou, bien pire, soldats débandés.

(…)

Autres charognards : les innombrables préposés aux frontières, douanes et octrois divers, qu’il fallait arroser de piécettes si l’on souhaitait poursuivre. Et cela, sans l’ombre d'une justification, du moins compréhensible pour le non-initié. Car le tracé des frontières était flou, l’emplacement des douanes, variable, et la perception des octrois, parfaitement imprévisible.

De même, il était illusoire de se fonder sur la validité des multiples visas, certificats, sauf-conduits et autres documents ornés de sceaux magnifiques dont les chancelleries et bureaux vénitiens nous avaient nantis. Nous constations assez souvent que le métal, pourvu qu'il fût convenablement frappé, valait beaucoup mieux que le papier, même agrémenté des cachets les plus authentiques, pour convaincre un préposé.

Yvon TOUSSAINT, Le Manuscrit de la Giudecca, Paris, Fayard, 2001, pp. 68-69. Roman.