6 lauréats sur 37 candidats
Dictée : WEYERGANS, François, Trois jours chez ma mère. Paris, Grasset & Fasquelle, 2005, p. 153. Roman.
Nom et prénom | Date de naissance | Établissement |
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ARBIB Abdelwadoud | 04.12.2004 | Institut La Vertu, Bruxelles |
HUMPHREYS Alice | 12.01.2004 | Collège Saint-Pierre, Uccle |
JADIN Lucie | 25.11.2004 | Collège Saint-Pierre, Uccle |
LAURENT Sophie, Hanna | 08.12.2002 | Athénée Adolphe Max, Bruxelles |
MONGODIN Tahina | 03.08.2005 | Collège Saint-Michel, Bruxelles |
VANCAUWENBERGHE Alissa | 27.12.2004 | Collège Saint-Pierre, Uccle |
aucun lauréat sur 52 candidats
Dictée : ENGEL, Vincent, Retour à Montechiarro. Paris, Fayard, 2001 (Le Livre de poche), p. 509. Roman.
6 lauréats sur 87 candidats
Dictée : VAES, Guy, Octobre, long dimanche. Bruxelles, Labor, 2013 [1re éd., Plon, 1956], coll. « Espace Nord », pp. 11-12.
Nom et prénom | Commune | Profession |
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DANHAIVE Bernard | 1330 Rixensart | ingénieur civil à la retraite |
DEGAND Philippe | 1450 Chastre | retraité |
DELÉCLUSE Catherine | 7901 Thieulain | enseignante à Leuze-en-Hainaut |
DUBOIS Christian | 4031 Angleur | retraité |
LAMS Christine | 1461 Haut-Ittre | fonctionnaire |
TONDEUR Éric | 59252 Marcq-en-Ostrevent (France) | « copywriter » |
J’ai apprivoisé des lézards, un bébé hérisson rapporté d’un voyage scolaire et une chauve-souris (chauvesouris) que j’ai cachée dans le tiroir de ma table de nuit pendant tout un été, quand j’avais huit ou neuf ans. Mes sœurs venaient l’admirer et me prêtaient les biberons de leurs poupées pour que je puisse lui donner du lait. Nous l’avions baptisée Noisette à cause de sa petite taille et de sa couleur. Quand ma mère la découvrit, elle l’enveloppa dans un torchon et lui rendit je ne sais quelle liberté, puisque Noisette revint le soir même dans ma chambre dont j’avais laissé la fenêtre ouverte, quitte à braver moustiques et papillons de nuit.
WEYERGANS, François, Trois jours chez ma mère. Paris, Grasset & Fasquelle, 2005, p. 153. Roman.
En chemin, il s’arrêta pour contempler Montechiarro qui, à cet endroit, se profilait admirablement. De loin, la misère du lieu s’effaçait ; un charme désuet, une nostalgie s’emparaient du promeneur, lequel ne demandait qu’à s’émerveiller sans souci de l’Histoire et des histoires qui avaient réduit cette bourgade à l’état de chef-d’œuvre empoussiéré dans l’énorme musée qu’était en passe de devenir la Toscane. Sébastien avait aimé passionnément ce pays parce qu’il avait adoré Agnese – et vice versa, sans doute. Lui faudrait-il se résigner à ce que ces deux êtres, pays et femme, se voient fondus en un seul, magnifique et muet ? Les yeux embués, il ne parvenait pas à distinguer le visage aimé dans ce paysage d’ocre et de feu. Alors, pour la première fois depuis tant d’années, il sortit son Leica et, d’abord lentement, puis de plus en plus fébrilement, il mitrailla le paysage indifférent, confiant à son appareil le soin de saisir l’indiscernable présence de l’absente dont il psalmodia le prénom jusqu’à ce que la molette refusât d’avancer.
ENGEL, Vincent, Retour à Montechiarro. Paris, Fayard, 2001 (Le Livre de poche), p. 509. Roman.
Si les circonstances l’obligeaient à vivre aux abords de la ville, il lui faudrait également voir s’estomper le fleuve, ces berges de craie rousse et ces chemins plantés d’acacias, comme il voyait, sous cette lumière vibrante, la vapeur d’eau brouiller le contour des chalands. Car il craignait par-dessus tout que son don de mimétisme ne le fît à la longue ressembler à ceux qui vivaient ici. Pourtant son avenir se dérobait toujours, et rien ne laissait prévoir une halte définitive dans le domaine de son oncle.
Sans doute n’éprouverait-il guère de difficultés à réduire les quartiers de Vagrèze à des impondérables. Leur banalité n’offrait-elle pas un gage de réussite ? Pouvait-il douter qu’il ne verrait bientôt plus ces loggias d’un vert strident, ces portes cintrées où brillaient des mains de cuivre, les perrons à péristyle rococo et leurs escaliers à balustrades de fer ? Un premier regard eût suffi à détailler ces façades ; un autre en eût déduit des intérieurs agressifs ; et finalement le tout se fût résorbé dans l’espace.
[…] Tout à coup, son pas devint plus mat ; le bois éraflé du pont avait la douceur du liège ; quant aux réverbères à deux branches et aux fines balustrades, érodés par les intempéries et l’amoncellement (amoncèlement) des jours, ils avaient fini par se changer en ouvrages de dame, couverts de poussière et de rouille. À présent les villas de la rive opposée se précisaient. Et Laurent ne put réprimer sa joie de les découvrir pareilles à l’image qu’il en avait gardée ; il se demanda même si cette vision ne provenait pas de sa mémoire plutôt que de sa vue. Un fronton mythologique, un balcon arrondi en tour de guet, une fenêtre à la française le frappaient-ils, qu’aussitôt la demeure entière se reconstruisait derrière eux, jaillie du souvenir, niant le flou des perspectives par la profusion des détails. De voir les alentours retrouver leur ressemblance, perdre leur aspect trop neuf le tira de sa léthargie. Léger, il se sentit léger, l’espace d’un éclair ! Si les deux villes – celle dont les maisons s’affadissaient de dieux-lares (dieux lares) et de guirlandes de bronze, et l’autre, éparse au fond de lui mais prête à regrouper ses enseignes et ses places – allaient enfin se confondre, redevenir une habitude, ne pourrait-il pas renouer avec un double rajeuni : l’enfant que le mois d’août (aout) enfermait autrefois dans une province familiale ?
VAES, Guy, Octobre, long dimanche. Bruxelles, Labor, 2013 [1re éd., Plon, 1956], coll. « Espace Nord », pp. 11-12.